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mercredi 5 janvier 2011

Naïve


Cocorico, épisode N : oui, la France fait de l'excellente musique. Des incontournables (Gojira, Mr Oizo) aux petits inconnus (The Algorithm, Floating Wood, Seal of Quality) en passant par les artistes signés mais relativement confidentiels (I Am Un Chien!!, Igorrr, My Own Private Alaska, Sulphuric Saliva, S.U.P), Modern Zeuhl fait au final, et sans volonté particulière de la part du rédacteur, la part belle aux groupes français. Il faut dire aussi, d'une part qu'il y a un nombre incalculable de talents cachés au pays des baguettes bien fraîches et des cuisses de grenouille, et d'autre part que le bouche-à-oreille et les rencontres "via" permettent plus facilement de découvrir les petits artistes locaux qu'internationaux (bien que des Myspace ou des Bandcamp permettent de contrebalancer un minimum cette tendance nationaliste ou nationalisante).

Aujourd'hui, un nouvel article sur des Français qui mériteraient les scènes internationales, à la musique enivrante et littéralement belle à pleurer : le groupe toulousain (eh oui, encore) Naïve officie dans une sorte d'électro-rock-metal à l'inspiration clairement mélancolique. Le nom de leur premier, et pour l'instant unique, album autoproduit "The End", sorti lors de l'été 2009, est relativement éloquent à ce sujet, mais moins sans doute que celui de la chanson qui a aussi donné un slogan au groupe et un nom de domaine à leur site officiel, "The Crying Community".


"The Crying Community".

Cependant, ne réduisons pas la musique du groupe à un simple enchaînement de mélopées lacrymales pour petits émos en mal d'amour, car nous en sommes très loin : au-delà d'une envie de pleurer dans un micro, de laquelle Naïve se détache d'ailleurs avec une paradoxale pudeur, il y a dans les habiles compositions du groupe une symbiose réussie entre différentes vagues musicales. Hybrides originaux d'ambiances électro, de rock un peu post et de riffs metal, les sept titres pour cinquante-huit minutes de "The End" parviennent à emporter leur auditeur (pour peu qu'il soit un tant soit peu sensible, pas trop abruti par la soupe para-artistique avec laquelle les ondes radiophoniques nous martèlent jusqu'à la nausée auriculaire, et pas trop réticent aux musiques pour petites lopettes légumineuses à tendance spleenesque) dans un voyage à la fois énergique et mélancolique, où la relative dureté de l'instrumentation metal est un support profond, prenant, quasi-hypnotique, sur lequel peuvent se développer des lignes mélodiques douces et enivrantes, chargées d'une superbe tristesse, de l'obscure clarté dont parlait le poète, jusqu'au chant féminin cristallin de "The Shroud" ou à celui, masculin celui-ci, simple, évident, des autres chansons (mon Dieu, cette ligne de chant sur "Your Own Princess" !).


 "Underwater" (son Youtube, mais bon...)

Slalomant entre beauté ambiante et rythme saisissant, évitant habilement de sombrer de près ou de loin dans les écueils du doom ou du rock-électro pour minettes, empruntant sans jamais plagier, Naïve livre avec ce premier album une oeuvre étonnante de maturité et de talent, et ouvre une voie qui n'appartient qu'à lui sur le terrain jamais en friche de la post-musique.





Et tant qu'à faire de la publicité à ces jeunes pleins de talent : l'album est en vente pour 8 euros, le DVD pour 5, et les deux ensemble pour 12. Autant dire, deux bouchées de pain pour deux heures de beauté… Le deal est honnête, non ?

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