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vendredi 19 novembre 2010

Panzerballett


En leur temps, des groupes comme l'emblématique Magma ont osé la réconciliation improbable du rock psychédélique et du free-jazz, avec pour résultat certaines des musiques les plus envolées, enfumées et illuminées de l'histoire du bruit de l'Art. Le terme "Zeuhl" qui sert de demi-titre au présent blog n'est d'ailleurs pas là pour rien.

A l'heure actuelle, d'autres osent intégrer des éléments jazzy à des musiques plus électriques (c'est, parmi d'autres, le cas d'Ihsahn, dont le dernier album méritera très largement un article dans ces colonnes, ou d'Ephel Duath, qui a déjà eu droit à cet honneur de pacotille).

D'autres encore se basent sur les sons de précurseurs de la fusion et les modernisent avec une certaine gouaille (l'obscur Ebony Lake, qui est grosso modo le projet qu'aurait pu monter Frank Zappa s'il avait connu et écouté Dimmu Borgir -- encore une pige à prévoir sur MZ).

Et puis il y a Panzerballett. Rien que le nom du groupe est une grande heure de l'humour allemand -- disons que c'est une meilleure introduction à la franche poilade qu'un discours d'Angela Merkel. Ca donnerait presque envie de voir ce que valent les galettes, malgré leur distribution par Harmonia Mundi. Oui, aujourd'hui, je parle d'un groupe distribué par Harmonia Mundi. Je sais, c'était totalement improbable avant que ça n'arrive, autant qu'une pluie de chats sur le Champ de Mars (ce qui ne doit pas rassurer les lecteurs parisiens). Et pourtant.

Une belle tranche d'humour à l'allemande (reprise du générique des Simpsons sur le troisième album "Hart Genossen : von Abba bis Zappa").

Panzerballett a choisi l'option "quatrième degré de goguenardise", et l'a validée avec option "zarma". En effet, ces jeunes gens font la nique aux groupes qui ont intégré du jazz dans leur metal en intégrant du metal dans leur jazz. Le compositeur principal (unique ?) du groupe, Jan Herzfeld, confesse un amour sans limites pour Meshuggah, ainsi que pour le projet solo de leur guitariste et compositeur, Fredrik Thordendal's Special Defects ; mais il ne renie pas pour autant ses racines profondément ancrées dans le jazz, et joue du jazz. Oui, mais...

Prenez du jazz "classique" : c'est bien composé, mélodiquement très solide, mais c'est mou et plein de soli de quinze minutes. Prenez du free-jazz : c'est barré, mais tellement que ça en devient imbitable. Prenez un peu de math-metal : c'est puissant, ça donne envie de bouger, mais ça grésille quand même pas mal. Mélangez les trois avec amour et passion, et vous obtiendrez la mélodie et le ressenti du jazz, plus la percussivité du metal, plus un petit brin de folie un peu free. Bref : une musique que pas mal de metalleux trouvent trop lente, et que presque tous les jazzeux trouvent trop violente.

"Friede, Freude, Fussball", sur "Starke Stücke", peut-être leur meilleure compo à ce jour ?

Et ces pauvres petits auditeurs obscurantistes ne savent pas ce qu'ils ratent : Panzerballett est un putain de bon groupe. Tout est maîtrisé, tout passe au millimètre près, il y a du talent, du feeling, de la franche rigolade, une touche de folie, et un brio totalement décoiffant. On pourra néanmoins regretter que le dernier album en date ne contienne que des reprises, prenant ainsi le risque de sombrer dans un aspect "groupe parodique" bien trop réducteur : les covers sont de qualité, certes, mais on regrette les compositions d'Herzfeld sur les deux premiers albums (et particulièrement la relativement longue "Friede, Freude, Fussball", sur leur deuxième album "Starke Stucke" qui est incroyablement bon du début à la fin).



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