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mercredi 17 novembre 2010

Mr Oizo


Cet article fait partiellement écho à l'actualité, puisqu'il y a à peine une semaine sortait "Rubber", le troisième film de Quentin Dupieux, qui fait suite à l'inconnu "Non-Film" et au mésestimé "Steak". Un film que je recommanderais d'aller voir sans hésiter, pour son humour décalé et sa métacritique impitoyable de la création cinématographique et de lui-même.

Mais le propos n'est pas là : cette ouverture cinématographique prend son sens dans le contexte de ces pages lorsque l'on sait que Quentin Dupieux est le vrai nom de l'artiste électro Mr Oizo, ce qui explique d'ailleurs que les bandes originales de "Steak" et de "Rubber" sont cosignées par Mr Oizo (avec SebastiAn et Sébastien Tellier pour le premier, Gaspard Augé de Justice pour le second).

La carrière musicale de Mr Oizo est stupéfiante. Après une entrée en matière intéressante, à savoir les EP "#1" ("Kirk !") et "M-Seq", le drôle d'oizo, car il fallait que je la fasse, se fait connaître grâce à "Flat Beat", de l'album "Analog Worms Attack" (en 1999), et sa célèbre peluche Flat Eric qui devient la mascotte temporaire de la marque Levi's. Un succès inattendu pour une musique, euh, inattendue aussi, à base de rythmes typés hip-hop, plutôt lents, et remplis de basses vrombissantes, déjà très loin de la techno "à la française" presque trop carrée des deux EP précédents.

Clip officiel de la track "Analog Worms Attack" tirée de l'album éponyme.

Mais ce n'est que la première surprise d'une série qui va sans nul doute continuer, car chaque nouvel album de l'Oizo explore une nouvelle piste musicale. Les fans d'"Analog Worms Attack" ont été déstabilisés en jetant l'oreille sur "Moustache (Half a Scissor)", l'abum suivant, sorti six longues années plus tard. Un ovni vaguement technoïde, rempli de breakbeats, de cuts, d'expérimentations rythmico-mélodiques étranges, avec comme une volonté sous-jacente de faire sortir l'auditeur de ses gonds et de lui mettre le nez dans ses limites. Le stupéfiant "questionnaire" qui accompagne le livret est d'ailleurs symptomatique de ce jeu anti-conventionnel, avec des items comme :

A. What is "moustache (half a scissor)" about ? Why don't you really like it ? Is it your fault ?
F. What was your feeling before pressing "play" on your cd player ? And now ? Is it important ?
I. Is there a difference between 15 seconds of a drum beat and a pair of scissors ? Think about it.
M. Is a virus was able to produce some music, would you be able to like it ?

N. Do you think your computer understands poetry ?

"A Nun", unreleased (figure sur l'advance de "Moustache").

La bizarrerie et l'envie de violer les règles continuent leur insidieuse invasion de nos esprits : l'EP "Nazis" à peine passé, qui reste plutôt fidèlement dans la lignée de l'album "Moustache", voilà que sort "Patrick 122 / Transexuel", une étrange ode à la techno/house androgyne qui annonce avec une grandiloquence "sortie du placard" le Mr Oizo nouveau, "Lambs Anger"...

Comment le dire en quelques mots ? Une putain d'enculée de bombe. Je crois que c'est un bon résumé. "Moustache" était un album révolutionnaire, au sens premier du terme, un grand coup de pied dans la fourmilière de l'électro ; "Lambs Anger" est une synthèse puissante, mélodique et couillue de ce que l'Oizo sait faire de meilleur. Tueries house, samples funky, basses vrombissantes, et le hit "Positif" dont le message est des plus limpides : "Arrêtez de vous reproduire", "vous êtes des animaux", "vous allez crever", sur un des fonds musicaux les plus danceable (en anglais dans le texte) de l'histoire de la techno française.

Clip officiel de "Positif", LA bombe de "Lambs Anger".

Et je ne parlerai pas des bandes originales de "Steak" et de "Rubber"... histoire de laisser quand même quelques surprises. Mais mon Dieu, qu'elles valent le coup !



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